Joseph d’Arimathie et Nicodème : des pharisiens qui choisirent le Christ

L’homme ne se confond pas avec son environnement. Ce n’est pas parce que les personnes qui l’entourent se mettent ensemble pour blâmer quelqu’un qu’un homme est obligé de les suivre. Nous avons la liberté de choisir. L’histoire de Joseph d’Arimathie et de Nicodème nous le rappelle.

Tous les deux appartenaient au parti religieux des Pharisiens, alors le plus influent en Judée. Et comme tous les pharisiens, ils suivaient la loi à la lettre. Pourtant ils divergeaient complètement de la majorité des pharisiens dans leur appréciation de la personne de Jésus Christ. Presque tous leurs congénères Le considéraient comme un imposteur, un possédé prétendant être le Messie. Ils étaient très irrités quand il enfreignait le sabbat en guérissant les malades hors du temps autorisé. Joseph et Nicodème, eux, étaient des disciples du Christ.

Il est vrai qu’au début, ils s’en cachaient.

Nicodème était venu voir le Sauveur pendant la nuit pour ne pas être vu de ses confrères, il avait posé des questions et écouté les réponses. Il ne doutait pas que le Christ était un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n'est avec lui. (Jn 3,2). C’est à durant cette conversation que Jésus dit à Nicodème que celui qui désirait entrer dans le Royaume divin devait absolument « naître d’en-haut », d’eau et d’Esprit, c’est-à-dire recevoir le baptême (Jn 3, 3-8). Et c’est Nicodème qui entendit le premier : Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle (Jn 3, 16).

Cependant, tôt ou tard, les secrets finissent par être révélés. C’est ce qui arriva à Nicodème : avec le temps, il devint de plus en plus difficile de cacher sa relation avec Jésus. Au moment des délibérations durant lesquelles les pharisiens et les grands-prêtres discutaient des liens du peuple avec Jésus, Nicodème décida même de prendre Sa défense en disant : Notre loi condamne-t-elle un homme avant qu'on l'entende et qu'on sache ce qu'il a fait? (Jn 7,51). Mais les pharisiens ne le laissèrent pas parler. Ils avaient un argument irréfutable : Jésus était galiléen, or le vrai Messie ne pouvait venir de Galilée ; car la prophétie dit qu’Il doit être né dans la ville judéenne de Bethléem. Comment pourraient-ils savoir que Jésus est né précisément à Bethléem ?

Nicodème, certainement, ne le savait pas. Mais pour lui, ce qui était important, c’était ce qu’enseignait Jésus, et la manière dont il enseignait, en parole et en actes. Son origine était pour lui un détail de moindre importance. En revanche, pour la plupart des pharisiens, ce genre de détail était justement ce qu’il y a de plus important.

Joseph d’Arimathie était membre du sanhédrin (le plus haut conseil d’Etat des Juifs), c’était l’un des personnages les plus importants de Jérusalem. Nous apprenons son existence au moment où l’histoire de l’Evangile semble s’achever : le Christ a rendu l’esprit sur la Croix. C’est à ce moment-là qu’apparaît Joseph. Il se hâte d’aller voir Pilate et, se servant de sa situation, demande l’autorisation de prendre le corps de Jésus. Ensuite, avec Nicodème, ils le couvrent d’aromates, l’enveloppent dans un linceul (comme le veut l’usage chez les Juifs) et le déposent dans une grotte que Joseph avait achetée pour lui-même. Il restait très peu de temps pour les funérailles car le soleil se couchait, le samedi de la Pâque allait arriver, tout labeur serait interdit. Heureusement, le sépulcre était situé tout près du lieu du supplice.

Ainsi s’accomplirent précisément les paroles du prophète Isaïe disant que le Christ aurait son sépulcre parmi les méchants, son tombeau avec le riche (Is 53, 9).

Joseph ne voulait pas que le corps de Jésus disparaisse (les soldats romains auraient très bien pu le brûler). Grâce à lui le monde entier put avoir connaissance de la Résurrection du Christ. Le linceul aussi joua un rôle. C’était un large tissu acheté par Joseph, qui avait servi pour envelopper le corps du Christ. Il est assez probable que le linceul de Turin sur lequel l’image d’un corps s’est imprimée n’est autre que ce même tissu.

La Tradition dit que Joseph comme Nicodème achevèrent leur vie en chrétiens. Nicodème fut chassé de Judée et, par la suite, enseveli avec Etienne, le premier martyr chrétien. Quant à Joseph, qui avait échappé aux persécutions des Juifs, il se joignit à Lazare, Marie Madeleine, Marthe et sa servante Marcelle et le disciple Maxime à Marseille, ensuite il se dirigea vers l’Angleterre où il mourut dans la paix. La mémoire de Nicodème et Joseph est célébrée le même jour que celle des Femmes Myrhophores, le troisième dimanche après Pâques.

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