Le roi Hérode Antipas : la recherche de sensations

Il y a deux Hérode dans l’Evangile. L’un, Hérode le Grand, gouverna la Judée à peu près de l’an 37 à l’an 4 avant notre ère. (Au VIe siècle, un moine romain, Dionysios, le Jeune fit une erreur de calcule de la date de la Nativité du Christ : il omit de faire des corrections astronomiques indispensables. Aujourd’hui la majorité des biblistes estiment que le Christ est né 5 ou 6 ans avant « notre ère », donc pendant le règne d’Hérode le Grand.) C’est lui qui envoya à Bethléem et ses environs des soldats pour tuer les petits garçons âgés de deux ans et moins. Il voulait s’assurer que le Roi des Juifs nouveau né, Jésus Christ, ne prendrait pas le pouvoir dans son pays. Hérode voulait le transmettre à son héritier.

Il y réussit, mais en partie seulement. En réalité, son fils Hérode Antipas n’était pas roi. Il partageait le pouvoir avec trois autres dirigeants et ne gouvernait qu’un quart de ce qui avait été le royaume d’Israël. Et il était soumis à la domination romaine. La Palestine, à l’époque, n’était qu’une province périphérique de l’Empire Romain.

Hérode Antipas gouverna la Galilée de l’an 4 avant notre ère à l’an 39. C'est-à-dire au moment où se déroulèrent les évènements principaux de l’histoire de l’Evangile. Certains d’entre eux sont directement liés au nom d’Hérode. Il fut, par exemple, le meurtrier de Jean le Précurseur, qui avait dénoncé le lien illégitime entre Hérode et Hérodiade, la femme de son frère. Cet épisode est assez révélateur des moeurs de la cour d’Hérode. Le jour de l’anniversaire du souverain, fêté dans le faste et l’abondance de vin, la fille d’Hérodiade, Salomé, danse devant le roi, qui, ému, lui promet d’exaucer n’importe lequel de ses caprices, et Salomé qui demande la tête de Jean le Précurseur. Le souverain aurait préféré s’abstenir de remplir sa promesse (il avait du respect pour Jean), mais il avait honte devant ses invités…

La vie entière d’Hérode rappelle une fête sans fin. Il semble que ce que cet homme était avant tout à la recherche de sensations. Si Hérode méditait sur la vérité, la justice, le bien ou le mal, il aurait eu la possibilité de poser ses questions le jour où Pilate lui envoya Jésus, le Galiléen (pensant qu’Hérode s’en occuperait puisqu’il gouvernait la Galilée). Mais l’Evangile nous dit seulement qu’Hérode, voyant Jésus, en eut une grande joie; car depuis longtemps, il désirait le voir, à cause de ce qu'il avait entendu dire de lui, et il espérait qu'il le verrait faire quelque miracle. (Lc 23,8). Un thaumaturge, un magicien, une personnalité : visiblement, c’est l’idée qu’Hérode se faisait du Sauveur. Il avait même oublié que devant lui se tenait un homme dont la vie ne tenait plus qu’à un fil, un homme que les grands prêtres exigeaient de condamner. Et il n’essaya pas de démêler les motifs d’accusation qui existaient contre Jésus. Il désirait simplement que Jésus le distraie, comme tous ceux qui l’entouraient.

La conversation de Jésus avec Pilate, à un certain moment, cesse d’être formelle et acquiert une authentique profondeur. Le Sauveur a réussi à dire au représentant romain quelque chose de véritablement important. Avec Hérode, cela se passe différement. Le gouverneur de Galilée attendait des miracles, mais le Christ ne fait jamais de miracles pour impressionner. Hérode lui pose donc quantité de questions, certainement une sorte de joute intellectuelle. Il aimait parler avec des gens intelligents : du vivant de Jean le Précurseur, Hérode, parfois, l’écoutait avec plaisir.

Mais le Christ ne daigna pas lui répondre. La fin de l’entretien est triviale : Le traitant avec mépris et se moquant de Lui, le gouverneur renvoie Jésus à Pilate. Pour Hérode, le fameux prêcheur et Maître était ennuyeux et peu convainquant.
Hérode ne participa pas formellement à la condamnation du Christ. Il n’y est pour rien. Mais il avait la possibilité de participer à la décision concernant Son sort. Il n’en a simplement rien fait.

Quelques années plus tard, Hérode Antipas est privé de son trône, trahi par son propre neveu, Hérode Agrippa.

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