Le publicain et le pharisien. 33e dimanche après la Pentecôte.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Nous avons entendu aujourd’hui la parabole du pharisien et du publicain. Dans cette parabole, le Sauveur dit : „et le publicain quitta le temple plus justifié que le pharisien...”

Cela veut-il dire que toute la vertu, la vertu authentique du pharisien n’a eu pour Dieu aucune signification, tandis qu’un seul soupir a suffi pour que le publicain soit sauvé et placé au dessus du juste pharisien? Non. L’office nous apprend que nous devons éviter les paroles orgueilleuses du pharisien et apprendre les hauteurs d’humilité du publicain. Parallèlement, l’Eglise nous dit qu’il nous faut acquérir la vraie, l’authentique vertu ; mais si elle est pour nous un moyen de nous rengorger, il vaut mieux ne pas la posséder et même ne rien avoir du tout en dehors de la profonde conscience affligée de notre indignité devant Dieu.

Nous sommes appelés à être la gloire de Dieu ; nous sommes appelés à vivre de telle façon qu’en voyant nos bonnes actions, les gens rendent gloire et honneur à notre Dieu, à ce qu’ils soient émerveillés par Celui qui peut nous enseigner, comme à d’autres, la même sainteté, la même vertu que celle que nous voyons chez les saints. Toutefois, en même temps, cette même vertu doit nous mener à prendre conscience que Dieu est infiniment saint, infiniment grand et que devant Lui nous ne pouvons nous glorifier d’une vertu que nous n’aurions jamais pu acquérir sans Lui. Il nous arrive d’avoir de bons élans mais la force d’accomplir les actions, la force nécessaire pour mener notre vie afin qu’elle soit rayonnante de la gloire de Dieu, cette force ne peut nous être donnée que par miséricorde divine.

Voila pourquoi nous devons, d’un côté, nous battre de toutes nos forces : afin que notre vie soit immaculée ; pour qu’en nous regardant, les gens soient émerveillés de ce que nous a enseigné le Seigneur ; et en même temps, parce qu’en nous battant pour la pureté et la lumière, le bien, la vérité, nous sentons de plus en plus intimement que seul Jésus Christ est saint, que Lui seul est infiniment parfait, nous apprenons à Le vénérer avec humilité, amour et joie, et à ne rendre gloire qu’à Lui seul.
En vérité, un seul soupir a sauvé le publicain, un seul cri a sauvé le larron sur la croix, un seul mot du fond de notre cœur est suffisant pour que nous soit révélé l’amour divin : mais ce dernier cri  ne saurait remplacer le devoir de toute une vie. Nous n’avons pas le droit de nous reposer sur l’idée qu’après une vie médiocre, indigne de nous-mêmes et de Dieu, au dernier moment, nous n’aurons qu’à dire : « Mon Dieu, aie pitié de moi, pécheur ! » et que Dieu nous croira sur parole. Dieu entend la moindre parole qui vient du fond du cœur mais il n’entend pas la parole calculée, la parole que nous osons dire en espérant qu’un mot vide de sens remplacera toute une vie. Aussi, méditons cette parabole. En ce moment l’Eglise nous aide à mieux nous connaître, afin d’entrer préparés dans le Carême. Amen.

Mgr Antoine (Bloom) de Souroge

1976 г. Ou auparavant.

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