La parabole du Semeur. 21e semaine après la Pentecôte.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Dans l’Evangile de ce jour, le Christ parle deux fois de l’écoute : „celui qui a des oreilles, qu’il entende” et „prenez garde à la façon dont vous entendez” – c'est-à-dire faites attention, remettez en cause la manière dont vous entendez la parole divine.

La parole divine, nous l’entendons d’année en année à travers les Evangiles qui sont lus à l’église, nous la lisons nous-mêmes jour après jour ; mais qu’avons-nous entendu lors de cette lecture ? Nous avons rencontré Dieu et nous avons cru en Lui ; nous avons rencontré Jésus Christ, nous nous désignons par Son nom, nous chrétiens : mais quels fruits lui avons-nous apporté ? Nous connaissons Dieu, nous savons que Dieu est Amour, un amour inépuisable, sans fond, christique, un amour vulnérable qui s’est laissé littéralement dévorer pour nous sauver. Avons-nous quelque ressemblance avec le Dieu en lequel nous croyons ? Si nous croyons en l’amour, si l’amour est la seule chose qui constitue le sens de notre vie, pouvons-nous dire que nous avons entendu la bonne et salutaire nouvelle de l’amour non seulement par l’ouïe et l’intelligence mais avec notre cœur ? Que nous l’avons entendue avec notre cœur de telle façon que nous avons été embrasés d’amour, entendue avec notre intelligence de telle façon que nous nous posons sans cesse la question : les mots que je prononce, mes actes, mon comportement, ma vie entière reflètent-ils l’amour ou sont-ils en contradiction avec ma foi ? Car si nous n’incarnons pas l’amour dans la vie, notre foi n’est que paroles.

Avant de dire le Symbole de la foi, de chanter « Je crois… », nous sommes appelés à nous rappeler cela : Aimons-nous les uns les autres afin que d’un seul cœur nous confessions le Père, le Fils et le Saint Esprit… Si nous ne nous aimons pas les uns les autres avec délicatesse, avec compréhension, avec créativité, avec abnégation lorsque cela est nécessaire et avec joie, alors, quand nous prononçons les paroles sur le Dieu Trinitaire qui est Amour, nous ne sommes pas croyants mais nous faisons semblant.

Posons-nous donc la question avec toute l’acuité, la gravité possibles : le renégat n’est pas seulement celui qui nie l’existence de Dieu, qui refuse de reconnaître le Christ comme son Sauveur. Nous pouvons être des hérétiques, des violateurs de la foi si notre vie ne témoigne en rien de ce que Dieu-Amour a embrasé notre cœur d’un amour nouveau, surnaturel, de ce qu’Il nous a appris à nous aimer d’une manière qui n’est pas enseignée sur terre, et que l’on ne peut recevoir que de Dieu…  Posons-nous cette question et répondons-y avec audace et avec joie, non par des mots mais par notre vie. C’est alors que notre vie s’épanouira et que s’accomplira la promesse du Christ : Je suis venu afin que vous ayez la vie, la vie en abondance (Jean 10,10), une plénitude de vie que la terre ne peut donner. Amen.

Mgr Antoine (Bloom) de Souroge

28 octobre 1979

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