Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Quelle joie et quelle vivante action de grâce autour du Christ ! En lisant l’Evangile, à chaque page, à chaque ligne nous voyons se répandre sur notre monde pécheur, froid, tourmenté, la tendresse, l’amour et la miséricorde de Dieu.
Nous voyons comment Dieu, par le Christ, guérit chacun de ceux qui ont le cœur lourd de péché, ceux qui ne peuvent porter le poids de leur vie à cause de la maladie ou pour une autre raison. Dès que le Christ entre dans la vie des gens, cette vie commence à pétiller de joie, d’une nouvelle espérance, de foi non seulement en Dieu mais en soi même, en l’homme, en la vie. Lorsque nous transformons notre vie en une recherche incessante à l’intérieur de nous de ce qu’il y a de plus sombre, pécheur, indigne de nous et de Dieu, sous prétexte que nous essayons de devenir dignes de notre Guide et Sauveur, combien nous déformons l’enseignement de l’évangile…
La joie était le signe de reconnaissance de la communauté chrétienne évangélique. La joie et l’action de grâce, l’allégresse de ce que Dieu a tant aimé le monde qu’Il ne s’est pas contenté de le créer mais qu’Il a envoyé dans le monde Son Fils Unique, non pas pour juger mais pour sauver le monde ! Nous sommes sauvés, le monde est sauvé par l’amour de Dieu.
Et ce salut nous devons en faire notre héritage à travers une action de grâce qui ne serait pas seulement exprimée par des mots, pas seulement par un sentiment aigu d’attendrissement, pas seulement par des larmes de joie, mais par une vie qui pourrait – si l’on peut s’exprimer ainsi – consoler le Père de ce qu’Il a livré Son Fils à la mort pour nous, réjouir le Sauveur de ce qu’Il n’a pas vécu en vain, n’a pas souffert et n’est pas mort en vain, que Son amour s’est répandu dans notre vie, et qu’Il est notre espérance, notre joie, notre allégresse, et notre certitude du salut…
Aussi, en nous approchant de la fête de l’Incarnation, de la Naissance du Sauveur, assimilons cette joie, examinons notre vie avec un nouveau regard, souvenons-nous combien le Seigneur a déversé dans notre vie de miséricorde, tendresse, amour, combien de joie Il nous a donnée, terrestre ou spirituelle, combien nous avons d’amis, souvenons-nous de ceux qui nous aiment, des parents qui veillent sur nous, même s’ils ont quitté ce monde. Combien il nous est donné de terrestre et comme le céleste s’infiltre dans notre vie et fait de la terre le commencement du ciel, fait du temps le commencement de l’éternité, fait de notre vie présente l’ébauche de la vie éternelle… Apprenons de cette joie, parce que dans un temps très court nous serons devant la crèche où est couché le Seigneur ; nous verrons ce qu’est l’amour divin : fragile, vulnérable, sans défense, se donnant sans limite. Il ne nous suffit que de l’accueillir et une vie nouvelle commencera pour nous, une nouvelle joie… Réfléchissons à l’amour de Dieu et au fait qu’aucune force ne peut le vaincre. L’apôtre Paul n’a pas dit en vain que nul ne peut nous arracher des bras de Dieu, et à son amour. Apprenons à nous réjouir et des profondeurs de cette joie construire une vie qui serait une totale action de grâce, s’il le faut, une vie de sacrifice, mais une vie jubilante de joie. Amen.
Mgr Antoine (Bloom) de Souroge
18 décembre 1983.