La guérison de l’aveugle. 31e Dimanche après la Pentecôte.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Avant le Baptême du Seigneur, avant le fameux jour durant lequel le Christ est venu sur les rives du Jourdain pour se faire baptiser par Jean, saint Jean le Baptiste avait appelé tous ceux qui venaient le voir à se repentir, c'est-à-dire à se détourner de tout ce qui les rendait indignes d’être appelés proprement humains, de ce qui les rendait indignes de Dieu.

Il les avait appelés à se donner à Dieu de toute leur âme, de tout leur corps, de toute leur volonté, ainsi que de toute leur force et de toute leur faiblesse. Ainsi, l’Eglise, avant le début du carême qui approche, nous propose quelques semaines préparatoires durant lesquelles nous seront montrés les péchés plus habituels mais aussi les plus destructeurs, qui nous empêchent de devenir des enfants de Dieu.

Avant le début de ces semaines préparatoires, on commémore l’aveugle Barthimée qui a été guéri de la cécité dont il avait été frappé. Il en va de même pour nous : nous ne sommes pas aveugles de naissance, nous le devenons parce que le visible nous empêche de voir l’invisible. Nous devons donc, au long de cette semaine, nous poser la question de notre cécité et de notre guérison. Il nous faut recouvrer la vue dans bien des domaines. Nous devons apprendre à voir en nous le mal qui nous rend médiocres, indignes de l’appellation d’être humain, sans compter qu’il nous rend incapables de communier à la nature divine, ce qui est pourtant notre vocation. Mais nous devons aussi apprendre à voir en nous l’image de Dieu, cette chose sainte que le Seigneur a déposée en nous et que nous devons garder, renforcer, que nous devons laisser briller de toute sa lumière à travers la prouesse de toute notre vie.

Il nous faut aussi apprendre à observer différemment notre prochain. Nous voyons trop facilement ses défauts ; nous devons, au long des jours de cette semaine, apprendre à scruter très profondément notre prochain afin de voir en lui la sainte image divine, et apprendre à nous adresser à chaque personne de notre entourage avec respect et précaution.

Cependant, afin de voir, il faut nous regarder de temps en temps dans le miroir. Or, quel est notre miroir ? L’Evangile. Dans l’Evangile nous voyons l’Homme parfait, Jésus Christ, tels que nous sommes appelés à le devenir. Nous voyons aussi autour de Lui des justes et des pécheurs : des pécheurs qui succombent et des pécheurs qui sont sauvés grâce au repentir. Lisons l’Evangile avec piété, en le méditant sérieusement, de manière à voir en nous, à travers lui, tout ce qui est lumineux et tout ce qui est sombre, afin d’apprendre à voir chez les autres aussi cette lumière non vespérale, qui ne s’éteint pas, que nulle obscurité ne peut engloutir ni en elle ni en nous. Alors nous pourrons cheminer, grâce aux semaines préparatoires avant le Grand Carême, vers la Sainte Semaine et la Résurrection. Amen.

Mgr Antoine (Bloom) de Souroge

13 janvier 1991

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