De Zachée. 32e dimanche après la Pentecôte.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

La semaine dernière, nous avons entendu l’histoire de l’aveugle Barthimée. A travers ce récit, l’Eglise nous rappelle que nous sommes tous aveugles : non pas physiquement mais spirituellement ; elle nous rappelle aussi que nous ne pouvons nous débarrasser de cette cécité que si nous nous adressons à l’Unique, à Celui qui a le pouvoir de nous aveugler, Celui qui est la lumière dans les ténèbres, qui est la vie et la plénitude de vie.

Si (comme nous étions censés le faire) nous avons réfléchi à cela la semaine dernière, il se peut que nous commencions désormais à percevoir quelque chose en nous-même : ne serait-ce que notre état de pécheur, notre inconsistance, ne serait-ce que le fait que nous avons faim mais que cette faim est vaincue par la routine, la paresse, la peur. Aujourd’hui, dans l’histoire de Zachée, nous voyons en quoi consiste cette peur. Que recherchons-nous avant tout : l’approbation des hommes ou la rencontre avec Dieu ? Que désirons-nous le plus : ne pas être l’objet de moqueries, que personne ne se détourne de nous parce que nous avons préféré Dieu, ou bien nous désirons Dieu à tout prix ?

Saint Jean Climaque nous dit que la vaine gloire - c'est-à-dire la recherche de l’approbation de l’homme tout en négligeant le jugement de Dieu -, est une haine de Dieu et une lâcheté devant les hommes : quelle est notre position ? Bien sûr, ce ne sont pas les gens qui se moquent de nous dans la société dans laquelle nous vivons qui nous font peur, mais c’est nous-mêmes qui avons tant de peur en nous ! Les gens nous pardonneront le fait que nous cherchons Dieu, du moment que nous ne représentons pas pour eux une provocation ou un affront ; sommes-nous prêts à cela ? Sommes-nous prêts à être tout au long de notre vie une provocation ou un affront, sommes-nous prêts à cela ? Sommes-nous prêts tout au long de notre vie à être une provocation par rapport à la vie que mène le monde sans-dieu et tous les membres de ce monde, y compris nous-mêmes ? Sommes-nous prêts à rencontrer en nous-mêmes des obstacles à notre recherche de Dieu ? Sommes-nous prêts à nous détourner des pensée, désirs, peurs qui agissent en nous, afin de pouvoir dire : « Non ! Que les gens se moquent de moi, que tout ce que qui en moi est ancien, sans-dieu, étranger à Dieu, se rebelle, j’irai quand même à la recherche de Dieu, qui seul peut me juger »… Nous devons vomir la vaine gloire comme le rejet du jugement divin, le rejet du droit à notre propre conscience de nous parler au nom de Dieu.

Dans un autre passage de l’Evangile, il est dit : réconcilie-toi avec ton frère, pendant que tu es en chemin, avant qu’il ne te conduise devant le juge, avant qu’il ne soit trop tard… Or les pères nous disent que notre frère, c’est notre conscience qui durant toute notre vie nous révèle ce que nous ne faisons pas ou ce que nous accomplissons.

Prêtons attention à cela, c’est le deuxième avertissement en chemin qui nous conduit au début du Grand carême. C’est le moment de se repentir, de se réveiller, c’est le moment de commencer ! Posons de bonnes fondations, posons-les une nouvelle fois si nous les avions posées la semaine passée, ou bien posons-les maintenant si nous n’avions pas commencé. Ainsi, de jour en jour, de semaine en semaine, nous écouterons, nous serons attentifs à notre conscience, nous rechercherons Dieu et Sa vérité et alors seulement nous pourrons entrer dans le Grand carême, purifiés, ou, tout du moins, préparés. Amen !

Mgr Antoine (Bloom) de Souroge

20 janvier 1991

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